Il y 80 ans, le 29 mars 1945, mon grand-père décédait en déportation.
SALLOU Marcel Désiré Né le 25 juin 1908 à Fontenay-le-Fleury, mort le 29 mars 1945 à Mauthausen (Autriche) ; décolleteur chez Renault à Boulogne-Billancourt ; militant syndicaliste CGT ; communiste ; déporté.
Il intégra les usines Renault de Boulogne-Billancourt le 3 mars 1936, où il exerça la fonction de décolleteur à l’atelier 320. En tant que militant syndicaliste affilié à la CGT, il prit une part active aux grèves qui marquèrent la période du Front populaire. Il était adhérent au Parti communiste.
Le 24 novembre 1938, il participa à la grève contre les décrets lois Daladier Reynaud 1 qui mettaient en cause des acquis récents du Front populaire. De 40 heures, le temps de travail sera porté à 48 heures voire 50 heures. Le 24 au matin les directives pour l’application des décrets lois étaient placardées dans les ateliers. La grève sera déclenchée l’après-midi, 10 000 à 15 000 salariés occupaient l’usine. La direction décida le lockout de plus d’un millier de salariés. Parmi ceux qui seront réintégrés, 60% devront signer un nouveau contrat de travail qui supprimait entre autre le bénéfice de l’ancienneté pour les salaires…
Répercussion de la mobilisation, certains licenciés seront réembauchés en septembre 1939, les entreprises de la métallurgie dont Renault manquaient de main-d’œuvre alors qu’il fallait produire des chars, des avions, des armes et des munitions… Il fut mobilisé du 27 janvier au 27 août 1940, sa démobilisation eut lieu à Oloron-Sainte-Marie.
De retour, il reprit son travail dans l’entreprise, Marcel Sallou distribuait les tracts édités par la CGT et le Parti communiste devenus clandestin. Le 3 juillet 1941 des policiers de la BS 2 perquisitionnaient le domicile de Marcel Sallou en rez-de-chaussée composé de deux pièces et d’une cuisine. Ils saisissaient un exemplaire de la Vie ouvrière n° 3 du 17 août 1940, différentes cartes, Amis de l’Humanité et de L’Étincelle, (hebdomadaire local du PCF), du PCF et de la CGT, du comité Amsterdam-Pleyel année 1938. Son épouse habitant en dehors du ressort du département de la Seine, elle ne fut pas convoquée pour témoigner devant la commission d’épuration de la police.En 1942, il avait quatre enfants âgés de onze, neuf, sept et un an. Incarcéré, Marcel Sallou comparut le 19 février 1943 devant la Section spéciale de la cour d’Appel de Paris, il fut condamné à trois ans de prison et mille deux cents francs d’amende. Le 3 septembre, il était en gare de Compiègne dans un convoi de 947 hommes à destination de Buchenwald (Allemagne). Les détenus arrivèrent au camp de concentration le 4 septembre. Il a été transféré à Auschwitz, puis au camp de Gross-Rosen, enfin à Mauthausen3 (Autriche) où il mourut le 29 mars 1945, il portait le matricule 129119 4.
sources : https://maitron.fr/spip.php?article190180
https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/histoire-et-patrimoine/deuxieme-guerre-mondiale/des-decrets-lois-du-gouvernement-daladier-au-vote-par-la-chambre-des-deputes-et-le-senat-des-pleins-pouvoirs-au-marechal-petain ↩
Les brigades spéciales (BS) étaient, à la préfecture de police de Paris, pendant la Seconde Guerre mondiale, une police spécialisée dans la traque des « ennemis intérieurs », principalement communistes ↩
Je m’évade
Sous les coquilles rompues du soir
Avec mon sac d’étoiles dans ma poche,
Ma fronde à tuer les heures
Et mon sifflet de merisier,
En échange de quelques larmes
De quelques morsures sous le sein
– Que je comptai à ma jeunesse –
Une nuit vierge de sang.
Tout est là dans cette tendresse de feuilles
René-Guy Cadou, Forges du vent, 1938